Comme je vous l’annonçais ce matin, voici l’interview d’Antoine Leconte, kinésithérapeute-orthopracteur, qui explique ce qu’est l’orthopractie, cette médecine manuelle douce qui soulage bon nombre de patients.

Quelle est la différence entre kinésithérapie, osthéopathie et orthopractie ?
En kinésithérapie, ce sont des massages répétés qui visent à détendre le muscle.
L’osthéopathie veut souvent remettre dans l’axe.
L’orthopractie est employée pour « rendre confortable », nous n’opérons jamais de déplacements articulaires. Nous partons du principe que les personnes auront toujours un bassin en avant ou en arrière, une jambe un peu plus courte que l’autre, elles ne sont pas symétriques. L’important est que la personne se sente bien dans son corps.
Ortho signifie droit, practie : c’est une action juste. L’orthopractie est un massage, c’est à dire une action mécanique sur le corps, en position debout, on parle de reprogrammation neuro-musculaire.
Plus simplement, j’aime beaucoup le nom que donne les suisses aux orthopracteurs : les rhabilleurs. C’est exactement ça : les patients viennent nous voir car ils sont en souffrance, se sentent « étriqués » dans un corps qui n’est plus ajusté. Nous leur redonnons un vêtement à la bonne taille, dans lequel ils se sentent à l’aise.

Vous massez la personne en station debout, c’est très inhabituel, pour quelles raisons ?
En gardant le patient debout, l’orthopractie permet de trouver des choses qu’on ne trouverait pas en le massant allongé.
Il s’agit d’une sorte d’enquête : on cherche les muscles trop contractés qui n’ont pas lieu de l’être, dans l’état naturel du corps : debout, en mouvement.
Dans mon enquête je trouve un muscle responsable d’une douleur, je masse transversalement et je donne une information pour qu’il se libère, on est purement dans du réflexe.

La personne reste habillée, comment peut-on masser à travers un vêtement ?
Volontairement le patient garde ses vêtements, à condition qu’ils soient fins. La palpation sera plus riche. On ressent mieux à travers une couche de vêtements d’un point de vue tactile, de cette façon on ne se laisse pas influencé par l’aspect visuel. On est dans le ressenti, la vibration.

Combien de temps dure la séance ?
Entre 20 et 30 minutes, le temps nécessaire de faire le tour du problème

Dans quel cas vaut-il mieux faire de la kinésithérapie ? De l’orthopractie ?
Les deux techniques sont complémentaires, certaines personnes auront BESOIN d’être massées. Mais en kinésithérapie il faut du temps. Sans un minimum de 10 séances, de 20-25 minutes chacune, le praticien n’obtiendra aucun résultat.
La pensée classique de la kinésithérapie segmente, mais il n’y a jamais une seule cause, ni uniquement les cervicales ni uniquement les lombaires. Cette approche, typiquement occidentale, est une catastrophe. En orthopractie on traite dans sa globalité, on travaille des pieds à la tête.
Par exemple dans un traumatisme de la route, un « coup du lapin », il n’y a pas que les cervicales qui seront en souffrance, il va y avoir les bras, les poignets car les mains ont serré le volant, les mâchoires se sont crispées…
Quand il s’agit d’un traumatisme  identifié, la lampe rouge s’allume clairement sur une zone, mais quand il s’agit d’accumulation de traumatismes répétés, de mauvaises postures chroniques, ce n’est pas forcément sur la zone de douleur que le problème se situe.
L’enquête orthopractique va permettre de trouver le ou les coupables.

Pour quelles douleurs vient-on vous voir ?
Tout ce qui est mécanique : entorses, chutes, mauvaises attitudes/postures, accidents, traumatismes, certains maux de tête qui sont dûs à un problème de cervicales.
L’orthopractie peut aussi avoir une incidence sur l’organisme, comme par exemple la digestion, car chaque organe est relié à la colonne vertébrale par un nerf.

Vous travaillez aussi sur les organes comme certains osthéopathes ?
Non, mais je peux libérer le nerf qui s’occupe des intestins ou de l’estomac par exemple. Je peux travailler en viscéral en travaillant sur le nerf responsable du mal-être, à son niveau vertébral.

Peut-on être orthopracteur sans être kiné ?
Non. On mène une enquête tactile sur tout le corps, il faut donc avoir un bagage conséquent sur l’anatomie.

Y-a-il des cas où la kinésithérapie, l’orthopractie ne peuvent rien faire ?
Bien sûr parce qu’il y a des cas à opérer.
A la base il faut bien orienter le patient, il faut qu’on ait posé au préalable un bon diagnostic.
Par exemple dans certains cas d’hernie discale, constatée sur le scanner ou l’irm,  la plupart des douleurs sont des douleurs musculaires au niveau lombaire. L’orthopractie peut soulager ces personnes en travaillant sur ces contractures, même si la hernie sera toujours là.
Dans le cas d’une fracture suite à une chute, une à 2 semaines après, il y aura beaucoup de choses à faire autour de cette fracture, beaucoup de stimuli à donner pour aider le patient à se sentir mieux.
Mais il faut toujours attendre que le corps ne soit plus en « état de panique » suite au traumatisme qu’il a subi.

A-t-ton des résultats rapides ?
50% des bienfaits seront immédiats avec un petit contre-coup, toujours supportable le lendemain ou surlendemain. On ne fera pas de 2ème séance avant 15 jours.

Combien de séances faut-il ?
Tout dépend de la raison de la venue bien sûr. Chaque douleur est différente car les causes sont nombreuses, mais généralement une à deux séances suffisent.

Pendant combien de temps est-on remis d’aplomb ?
La encore cela dépend de la personne, ça peut être des mois, certains patients ne viennent qu’une ou deux fois par an, mais certains en répétant de mauvais gestes ou de mauvaises postures peuvent perdre tous les bienfaits dans les jours qui suivent.
Si le patient vient trop souvent pour les mêmes douleurs il y a une cause à identifier. Le corps est fait pour bouger, mais il faut bien bouger ou bien se reposer, en ne se tordant pas sur le canapé devant la télé par exemple.

Interview d’Antoine Leconte
Kinésithérapeute-orthopracteur (Toulon)

Si avez des questions, vous pouvez les poser en commentaires, Antoine y répondra sous 24-48 heures.