Polisse est un film choral* racontant le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) dans leur vie professionnelle comme dans leur vie privée. Pédophiles, parents maltraitants, pickpockets mineurs et dérive sexuelle des adolescents sont leur lot quotidien. Bien que l’équipe soit solidaire entre elle, comment trouver l’équilibre entre vie privée et réalité à laquelle ils sont confrontés tous les jours ?

Maïwenn ne fait jamais dans la simplicité ; avec ce dernier film elle choisit le sujet très lourd de la violence faite aux enfants : un père qui « aime trop » sa fille, une mère qui attouche son bébé pour qu’il arrête de pleurer et bien d’autres choses.
La force de Polisse c’est la vraisemblance des situations. C’est incroyablement effrayant de réaliser qu’un bébé peut-être kidnappé dans une crèche juste à cause d’une serrure cassée ; pourtant c’est tellement vrai.
Les acteurs sont très bons, particulièrement le duo Nadine (Karine Viard)/Iris (Marina Foïs), criant de vérité. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs ; ah les copines pleines de bons sentiments qui cachent des cadavres dans leur placard… !
La réalisation est plutôt sympa grâce à son réalisme et à son dynamisme, cela donne au film des allures de documentaire.

En revanche j’ai moins aimé les histoires parallèles des personnages.
Certes cela aide à comprendre comment/pourquoi ils ont ce caractère, ce qui les a poussé vers ce métier glauque et difficile. Certains penseront que c’est une manière subtile de traiter la psychologie des héros et leur mal-être, pourquoi pas. Selon moi c’est trop ou pas assez abordé.
La rencontre Fred (Joey Starr)/Mélissa (Maïwenn) et l’histoire d’amour qui s’ensuit est plutôt gnangnan et prévisible. Le rôle de la réalisatrice était-il essentiel ? D’un côté on est dans le total cliché de la bobo parisienne pourtant finalement son personnage, c’est nous, spectateur.
La séquence où une adolescente raconte qu’elle a accepté de pratiquer une fellation pour récupérer son téléphone portable est aussi drôle que pathétique. Dans les faits, c’est extrêmement choquant, parce que c’est complètement idiot ; d’ailleurs son histoire provoque l’hilarité générale dans les bureaux de la BPM. Mais dans la réalité… l’hypersexualisation des ados c’est un sujet que nous aborderons bientôt d’ailleurs.

Ma note : 14/20.
Un bon film, c’est indéniable, cependant Polisse a les défauts de ses qualités ;  on frôle parfois la caricature et la mise en scène n’est pas sans rappeler les documentaires de type Appel d’urgence ou Enquête d’action.
Si certaines images m’ont transportées, je ne comprends pas un tel engouement du public et des professionnels pour cette réalisation. Peut-être suis-je trop blasée par la banalisation de la violence au quotidien ?
Telerama a fait une remarque intéressante :  « il y a une telle obsession de coller à la réalité brute que tout devient transparent et que, paradoxalement, tout sonne faux. Peut-être le réel ne se laisse-t-il pas capturer aussi aisément… «  

Film choral* :  film où le nombre de personnages est important , sans que l’un d’eux n’ait plus d’importance que les autres. 

Alexandra…