La maison atlantique – Philippe Besson

La maison atlantique – Philippe Besson

La maison atlantique Philippe Besson

Dès la première page le narrateur se présente et nous plante le décor. En toile de fond  la côte atlantique, une maison de vacances et le présage d’un drame.

‘’J’avais seize ans quand j’ai perdu ma mère, dix-huit lorsque mon père est parti. On pourrait parler de terrible malchance, de sort qui s’acharne. Oui, peut-être … J’ai oublié de vous dire : Aucune de ces deux morts est accidentelle ’’

L’ambiance est pesante, les personnages se traînent dans la torpeur estivale, il n’y a pas grand-chose à faire dans la maison.  Ces vacances supposées sceller la réconciliation entre père et fils ne sont en fait que mascarade, aucun des deux ne désirant vraiment ce rapprochement. Entre eux s’érige  le fantôme de la mère, négligée par le père volage,  idolâtrée par le fils inconsolable. Jamais il ne lui pardonnera.

Comme dans un procès, le fils se fait accusateur.  Il nous expose les faits à charge pour nous convaincre, nous lecteurs jurés, que l’accusé est coupable, qu’il doit payer la mort de cette femme, la mort de sa mère ! Bien que n’ayant jamais la version du père, nous sommes pris d’empathie pour ce jeune garçon déjà bien cabossé par la vie.

A coup de petits mots L’auteur fait monter la tension, et la corde se tend jusqu’à la rupture. Jusqu’où peut aller un ressentiment  refoulé? Ces vacances seront aussi pour le jeune homme l’occasion de découvrir sa sexualité.

Il faudra l’arrivée d’un couple, Raphael et Cécile,  dans la maison voisine pour que se déchaînent toutes les passions et que cette haine trop longtemps tue explose enfin. Le père oublieux de ses promesses, néglige son fils pour cette femme infidèle.

‘’ Ainsi ce n’est pas la faute qui l’a embarrassée, ce sont les conséquences éventuelles de la faute. La différence n’est pas infime. Cela signifie que sa turpitude se trouvait de sacrées atténuations. Elle n’a pas dit : « C’est terrible de lui mentir »Elle a dit : « C’est difficile de lui mentir. Je n’ai pas l’habitude. » Ainsi la trahison ne lui a pas paru sale, dérangeante. Elle s’est seulement plainte des efforts que supposait la dissimulation. ‘’

Avec La maison atlantique, Philipe Besson nous offre un très bel ouvrage plein de profondeur sur les rapports entre père fils. L’écriture est fine, les mots sont  justes et font mouche.  Plus que tout c’est l’ambiance qui m’a charmée, tel cet antagonisme entre le décor paradisiaque et la trame du drame ou encore  la langueur de l’été opposée à la violence des sentiments.

Ce roman me rappelle beaucoup ‘’Bonjour tristesse’’ de Françoise Sagan. J’ai été étonnée de mon ressenti pour un livre lu il y a tellement d’années en arrière. C’est comme quand on mange ou sent quelque chose qui nous renvoi illico vers notre enfance … la même sensation ! pour faire court,  j’ai aimé ce livre.

Je terminerai avec la citation de sa préface

‘’ Voici que vient l’été la saison violente et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps  ‘’   Guillaume APOLLINAIRE

POUR RESUMER :
Ma note :
Notre grignoteuse de livres au grand coeur !

2 COMMENTAIRES

  1. Des rapports tendus à l’extrême en des lieux paradisiaques qui devraient inciter à la détente : un environnement de rêve pour un roman prenant ! Au travers de ton article je sens que tu en as aimé la lecture et je me laisserais bien tenter aussi 😀 Bon dimanche bises