Mon voyage au Laos, suite et fin (par May Yeng)
Un petit mot avant de vous faire découvrir la troisième et dernière partie du voyage au Laos de May Yeng (oui, j’ai été un peu longue à la mettre en ligne). J’espère que ces articles vous auront autant plus qu’à moi, j’espère qu’ils vous auront inspiré la zénitude et pourquoi pas donné l’envie de partir là-bas. Bien entendu nous ne sommes en aucun cas sponsorisées par le gouvernement laotien (petite précision au cas où vous vous seriez posés la question) ; la seule chose qui nous dirige est la découverte de l’autre :
L’hiver dernier, à la même époque, mes valises étaient prêtes et j’étais loin d’imaginer ce voyage aussi riche et fondateur pour moi. Décembre est une des meilleures saisons pour partir au Laos, surtout si vous souhaitez vous intégrer dans la communauté Hmong et découvrir leurs festivités de fin d’année. Dans chaque grande ville et dans chaque famille, les adolescents bien-sûr célibataires, désireux de faire des rencontres amoureuses, s’attellent à la confection de leurs costumes avec entre autre de très belles broderies faites-mains. Certains futurs prétendants seront ornés de gros bijoux en argent massif et surtout porteront des habits traditionnels où le scintillement et la couleur seront de rigueur. C’est la grande parade du Nouvel An.
Voici le costume porté à l’époque de mes parents, il y a un peu plus de quarante ans :
Ici un exemple de costume porté au tout début des années 90 :
Enfin, un aperçu des nombreux costumes porté maintenant, en l’occurrence en 2011 :
Une mode qui a énormément évolué et qui marque bien l’empreinte de la nouvelle génération et leurs idéologies vestimentaires. Même si l’habit respecte toujours une base solide traditionnellement parlant, j’ai été bien surprise, dans le bon sens du terme, de voir un si grand défilé de tenues où tout est fait dans le détail et où de nouveaux aspects assez coquets ont pris une place toute entière dans l’élaboration de celles-ci.
Des centaines de jeunes gens se rencontrent donc lors de ces grandes fêtes organisées en plein air. Et pendant 5 jours, ils vont se vouer à une tradition ancestrale de drague (j’ai envie de dire) : les filles d’un côté et les garçons de l’autre ; ils vont se lancer à tour de rôle une balle de tennis jusqu’à ce que discussion s’en finisse. Et ça peut être le départ de tout… ou de rien ! Les jeunes filles peuvent donner facilement leurs numéros de téléphone après les conversations mais si les garçons ne leur plaisent pas, elles restent très courtoises et les laisseront partir avec un faux numéro. Ces festivités sont très attendues de tous les habitants Hmongs, c’est un moment fort et convivial de leur existence.
Vidéo fête du nouvel an Hmong :
2004 a marqué un tournant dans ma vie. J’ai ouvert mon regard puis mon cœur à l’Asie. Etant moi-même d’origine asiatique, je vous avoue que cela peut paraître absurde de dire ça… La spiritualité apporte un certain art de vivre mais est surtout un art de l’esprit ; et elle m’a complétement séduite. J’ai enfin compris pourquoi j’aimais tant Bouddha, Le Lotus, La Méditation et tout ce qui est en relation avec la pureté de l’âme. A Luang Prabang, il y a un célèbre mont, le mont Phou Si, dont une légende dit qu’un Bouddha géant, en chevauchant les montagnes, a laissé son empreinte de pied sur le haut. Plusieurs petits temples ont vu le jour sur cette colline dont un qui se situe dans une grotte.
De nombreuses statues recouvertes de feuilles d’or font partie intégrante du paysage et investissent entièrement chaque pente du mont. Avec cette hauteur vertigineuse, la vue y est imprenable et elles déversent une puissante aura sur toute la ville. Pour y accéder, vous emprunterez un escalier en forme de dragon qui finalement ne vous quittera jamais jusqu’à la redescente. Une excursion que j’ai semblé faire sur le dos d’un long et grand dragon doré me menant haut dans le ciel, voir le plus beau des Bouddha pour lui déposer une manne céleste… s’envoler haut et loin comme Chihiro et Haku… Oui, parler de ça me fait quelques fois divaguer… N’hésitez pas à formuler une petite « prière » lorsque vous serez agenouillé devant cette grande statue et après avoir tiré un chiffre au sort, vous comprendrez alors, selon les écritures des sages, ce que la vie vous a offert ou vous offrira…
Le Mont Phou Si de Luang Prabang, ma ville natale, est donc le mont des Bouddhas. Et ça, j’aime !
Le Laos est un pays où vous vous sentirez bien, où vous aurez l’avantage de dire que vous avez vécu quelque chose d’unique en rentrant. Là-bas vous n’oublierez jamais d’où vous venez car vous ferez involontairement des comparaisons mais il vous faudra savoir mettre aux placards toutes vos habitudes, toute votre logique de fonctionnement et vous abandonner complètement. La beauté de l’architecture laotienne, l’atmosphère, le mode de vie des locaux et la nature y sont tellement différents que je suis sûre que vous y parviendrez… mais pour une période de vacances simplement. A long terme, certaines choses risquent de vous manquer quand vous aurez fait le tour de tout.
A Luang Prabang, il n’existe pas de grandes surfaces commerciales ni de grands magasins. Vous ferez vos courses au jour le jour et marchanderez avec les vendeurs de l’immense marché du matin pour vous nourrir. Très peu de familles possèdent des frigidaires et même des lave-linges et encore moins des lave-vaisselles, sans parler de tous les autres appareils électroménagers qui font ici notre quotidien. Ce sont des privilèges que seuls les plus aisés peuvent s’offrir. Pas de cinéma, pas de grandes infrastructures sportives ou évènementielles (sauf un grand stade). Les activités en extra sont limitées car très peu de complexes. Je me suis alors posée moi-même la question : arriverai-je à vivre dans mon pays natal sans que mon pays d’adoption la France ne me rappelle à lui ? A moins d’exercer un métier qui me tienne à cœur, je n’en suis pas si certaine. Dur constat qui me laisse confuse puisqu’en réalité je n’en sais rien.
Mais si vous êtes à un tournant de votre vie et que vous recherchez un changement radical, si vous avez une âme proche de la nature et n’êtes pas gourmand de technologie ou autre perfection du système social, alors cette ville est peut-être faite pour vous. Là-bas, à moins d’avoir un certain confort financier, vous vous contenterez du minimum qui vous offrira néanmoins une aisance non négligeable. La neige et le ski vous manqueront. La mer et son sable fin, les calanques de la Méditerranée également (surement pas le mistral Ouf !… oui je suis une fille du Sud). Mais une solution pour cette dernière. Prenez un avion pour la Thaïlande et vous serez on-ne-peut-mieux servi. Et je passe, moi qui suis une grande gourmande, sur tous les plats et victuailles de notre bonne vieille France, qui à un moment ou un autre hanteront vos pensées. Me concernant, ce fut l’entrecôte-frite, j’y ai pensé pendant une journée ! ; )
Si le peu d’exemples que je vous énonce ici ne vous fait pas faire la moindre mou alors cela voudra dire que vous êtes en parfaite adéquation avec le système de vie des asiatiques du Laos, loin de toute cette société de consommation dans laquelle nous vivons à grande échelle. Partez tranquille et installez-vous dans un lieu de no-stress et rendez-vous utile si vous le pouvez. Sinon bien évidemment, je vous conseille expressément de visiter ce fabuleux pays d’où vous reviendrez que plus riche, en tous points.
Un mot final pour non pas résumer ces deux semaines que j’ai vécues, mais pour marquer d’un point mon séjour, c’est le rire des enfants que j’ai entendu dans chaque coin de rue et dans chacune des maisons que j’ai croisées. Malgré tout ce que l’on pourrait croire et tout ce que leur environnement et leur mode vie pourraient nous le faire penser, je n’ai vu aucun enfant malheureux. C’est très différent de ce que je connais de l’Inde par exemple, où là-bas les enfants pauvres de la rue s’affichent et font la manche ouvertement. Un contraste énorme qui a le don de vous faire réfléchir. Les images qui suivent vous parleront plus que mes mots.
J’ai utilisé cette expression très souvent dans mon récit mais je le répète une dernière fois. C’est une Richesse que de partir à la rencontre de tout ce qui nous est étranger surtout si l’accueil que l’on vous réserve est à la hauteur de ce que vous vous imaginiez. Tout but à tout voyage est de s’imprégner de la culture du pays qui nous reçoit. A nous de savoir l’apprécier ou non et de s’en faire son propre jugement pour en ressortir plus vivant.
Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas.
~ Lao-Tseu ~
Vidéo des rires des enfants :
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