Bienvenue à Luang Prabang – Plongez au coeur du Laos par May Yeng (2/3)
Un petit mot pour vous conseiller deux endroits que j’ai aperçu lors de mes allers retours, pour passer vos nuits en ville après des journées bien remplies. Malgré un très large choix d’hôtel sur place, je vous en propose un premier, de prestige, en plein cœur du centre-ville : la Résidence Phou Vao.
Dormir chez l’habitant ou dans les guest houses, c’est une belle aventure. Mais si vous pouvez vous offrir un peu de luxe pendant deux ou trois nuits c’est bien aussi. Je n’ai malheureusement pas les prix des chambres mais cela restera quand même beaucoup moins cher qu’en France, avec autant de services et de structures de qualité que peut offrir un établissement 5 étoiles en Occident. Il y a un vrai service à la personne, un accueil irréprochable. Le mot « détendu » prendra ici tout son sens.
Le deuxième hôtel est le Bel Air Boutique Resort. Il est situé au bord de la rivière Nam Khan à une petite dizaine de minutes à pieds du centre-ville. Il se compose d’appartements mais aussi de bungalows installés sur la pente douce au-dessus de la rivière. Le cadre est idyllique et les prix commencent à partir de 50 dollars. Si vous avez la possibilité d’inclure un extra dans votre budget, n’hésitez pas et profitez de ce dépaysement qui n’a pas son pareil. Un établissement de charme avec des maisons traditionnelles, un décor chaleureux et une végétation luxuriante. Vous allez tout simplement immerger dans le mode de vie des Laotiens, le mode de la Zen attitude !
Au Laos, et plus généralement en Asie, j’ai remarqué qu’ils ne mangeaient que très peu, voire pas du tout, de sucrerie ni de chocolat. En fait toutes les gourmandises qu’ils se font un plaisir de déguster ce sont des produits naturels, régionaux et faits-maison. L’une des favorites des enfants est la canne à sucre. Elle est délicieusement parfumée, a un goût sucré à tomber par terre. La canne à sucre est à partager entre tous pour un bon et long moment de régal. En passant devant un petit village, nous avons été attirés par une famille travaillant sur une « machine » artisanale hors du temps.
Et c’est avec plaisir que je vous montre dans la vidéo suivante la façon dont les paysans Hmong extraient le jus de canne à sucre pour le commercialiser :
Concernant les plus grands, un délicieux dessert à base de lait de coco dont j’ai mentionné en plat typique plus haut, appelé les Na van ; mais la spécialité des Hmong est la galette de riz colle. Après l’avoir travaillé pendant plus d’une heure et suivi d’une petite cuisson à la chaleur du feu de bois, croustillante à l’extérieur et fondante à l’intérieur, elle se mange trempée dans du caramel également fait-maison. C’est une méthode qui se transmet de génération en génération. Je me souviens que jeune, mes parents me disaient déjà ô combien ça leur manquait de ne pouvoir plus en goûter ici en France. Je vous laisse découvrir les différentes étapes de sa fabrication en image.
Petite interlude avec deux petits moments intimes capturés lors d’une après-midi. La première chez mon oncle, la seconde au sein d’une famille Akha, autre minorité ethnique, rencontrée au détour de notre voyage dans le nord du Laos. Instants de plaisir… tout simplement :
Le garçon et les fourmis
Femme Akha
Pour en savoir un peu plus sur cette ethnie, consultez la page du site Trekkinglaos.com
L’heure est venue pour moi de partir sur les traces de mon passé. Mes parents, que j’ai senti ce jour-là perdu dans une grande nostalgie entre joie et tristesse, me conduisent sur les hauteurs de Luang Prabang où se trouve un mini « village » sur le bord de la route. Telle une fille adoptée qui retrouve sa mère biologique après plus de 30 ans, je suis envahie par une émotion intense et incroyable. J’attendais ce moment depuis si longtemps, croyant ne jamais parvenir à vivre, c’était juste magique.
« Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles mais uniquement pas manque d’émerveillement. » ~ CHESTERTON ~
Mon village natal
Un autre moment fort de mon séjour fut le départ dans le nord du Laos pour rendre visite à ma grand-mère que je n’avais jamais vu. Un voyage de 9 heures en voiture. Première étape : nous arrivons d’abord tard dans la nuit chez ma tante qui habite un petit village situé également aux abords de la route principale, tout en haut de la montagne. Alors qu »elle dormait déjà, elle nous accueille avec de longues embrassades, puis se met aux fourneaux pour nous préparer le dîner. Sa cuisine est grande mais à cette heure-ci, tout est plongé dans le noir. L’électricité est un luxe qu’ils n’ont pas le plaisir d’avoir.
A la lueur d’une petite bougie, elle plume un poulet, nous en fait une soupe, réchauffe le riz et nous concocte un super piment aux herbes. Nous mangeons près d’un feu de bois chauffant l’eau de notre bain, toujours avec cette pauvre bougie au coin de la table, et nous apercevions à peine ce qu’il y avait dans les bols de notre modeste petit repas. Ce soir-là, toujours en tâtonnant et en imaginant les lieux, nous avons passé la nuit à cinq, allongés les uns contre les autres dans un petit lit au coin de la pièce. Ces instants gravés dans ma mémoire, me reviennent très souvent en tête lorsque je suis seule dans l’obscurité…
Le lendemain, après encore quelques heures de route, je fais enfin la connaissance d’une octogénaire comme je l’imaginais. Ma grand-mère était belle et j’ai éprouvé une affection toute particulière dès le premier regard. A notre arrivée elle était assise sur son tabouret, dehors. Je pouvais apercevoir son regard lointain, elle était plongée dans ses pensées. Elle me semblait être immobile depuis des heures, attendant patiemment l’arrivée de son fils, enfin…
Elle vivait dans une chambre qui semblait n’avoir jamais bougé. Elle nous avouait qu’elle s’adonnait à des marches régulières pour se maintenir en forme et semblait tout à fait heureuse. Dans ces villages reculés, l’opium est considéré comme une médecine et les personnes âgées en consomment régulièrement. Dans son petit espace privé, elle s’adonnait quelque fois à ces mêmes gestes qui lui procuraient un moment de détente. Ce fut avec amusement et rigolade que nous découvrons le soir, en famille, cet étrange rituel.
Un matin, dans le jardin de la maison, des chants d’enfants parvenaient jusqu’à moi et éveillaient une grande curiosité. Des comptines fredonnées en une langue familière surgissaient de nulle part et ces petites voix fluettes mais puissantes me donnaient un sourire amusé. Je demandai à mon oncle de m’accompagner voir ce qu’il pouvait bien se passer de l’autre côté de la maison. Ce fut une belle surprise quand je suis rentrée dans cette classe où la maîtresse a eu la gentillesse de nous recevoir parmi ses élèves. Et j’ai pu assister en direct à ce magnifique chant scolaire où ma curiosité fut totalement assouvie.
Rencontre avec ma grand-mère
Dans le souci de ne perdre aucune miette du temps passé là-bas, je réalise aujourd’hui que mes journées n’avaient jamais été aussi longue tellement je me réveillais chaque matin avec les coqs. Ca m’a permis de vivre un autre instant de la vie au Laos : la quête des moines bouddhistes. Il faut vous lever à 5 heures du matin pour pouvoir ensuite déambuler tranquillement dans les rues jusqu’aux points de passages principaux des bonzes. A chaque lever de soleil, de nombreux cortèges qui proviennent de plusieurs pagodes se forment et les donations peuvent commencer. Les habitants ayant au préalable cuisiné du riz, des gâteaux et préparé quelques fruits, se positionnent aux bords des routes et attendent patiemment leurs passages.
Cet évènement est devenu très prisé des touristes, il y a énormément d’étrangers qui souhaitent participer aux offrandes pour s’imprégner de la culture et d’autres viennent immortaliser le moment, comme moi. L’atmosphère de cette matinée est extraordinairement troublante mais pure. Un état d’esprit rempli de quiétude qu’on ne peut éprouver que très rarement, si ce n’est jamais plus… Mais étrangement, en même temps que je me sentais bien, je ressentais une certaine gêne à être là, au milieu de tous ces bonzes, à les regarder et les photographier comme s’ils étaient des bêtes curieuses. Tous ces touristes et moi… une impression de ne pas être à notre place et de perturber le cérémoniale très religieux que présente cette marche. Un bref regard, que j’ai pu apercevoir de l’un d’entre eux, m’a laissé perplexe tant il voulait dire de chose. La soif du touriste n’a pas toujours raison. Mais c’est la vie… et les bonzes s’y sont bien accommodés. Je me suis assise un instant pour un moment de réflexion sur ce que je venais de vivre. Puis en me rendant au bord du Mékong pour m’acheter quelques fruits, je les vis rentrer dans leurs pagodes et rire entre eux. Ça m’a fait du bien et je suis repartie laissant mes questions au fond de la rivière.
La quête des bonzes
Pour plus de renseignements sur cette tradition, je vous laisse consulter les informations sur le site Avant-de-partir.com
Et pour faire référence à la cérémonie du Baci (appelé aussi Soukhouan en laotien) qui est expliquée sur ce site, elle est un évènement très important et très significatif au Laos ; elle est aussi très pratiquée par la communauté Hmong. Elle est organisée dans le but de bénir chaque nouveau-né, de demander une guérison etc… et est également faite à chaque fois que les hôtes reçoivent des invités ou de la famille venus de loin. Ce fut notre cas et tout naturellement nous avons reçu cet honneur. En Hmong, nous appelons cela le Khi-té. Tous les membres de la famille nous formulent des vœux de bonheur et de santé tout en nous attachant des fils en coton aux poignets. En principe, ils sont à garder sur soi jusqu’à ce qu’ils tombent d’eux-mêmes. Ça devient un porte-bonheur. Bien-sûr il n’est pas évident de respecter cette coutume une fois revenu en France à cause du travail ou pour toute autre raison, donc il est de nos habitudes de couper le tout et de l’accrocher près du lit et de le garder le plus longtemps possible.
Comme vous l’aurez compris, Les Hmong sont croyants et très pratiquants. La vie est indissociable de la mort. Et chacun d’eux se côtoie chaque jour dans ce petit monde avec une réalité déconcertante. Toute cérémonie pour la vie de quelqu’un fait appel à un esprit du monde de l’au-delà. Quelques jours avant le nouvel an, il y en a une précisément qui se pratique dans chaque foyer. Bien avant l’aube, le grand père de la famille, qui est souvent le shaman, va invoquer les divinités avant de réunir tous les membres qui la compose ; il les encercle à l’aide d’une corde pour bien les faire distinguer et commence son rituel. Les ancêtres vivants dans l’autre monde seront priés alors de veiller sur eux lors de ce grand passage à la nouvelle année et de leur apporter santé et prospérité. Lors d’une dernière invocation (la plus importante), le shaman doit être en hauteur et il est retenu par une autre personne (représentant la vie terrestre) afin que son esprit ne quitte pas son corps. Pour finir, la tradition veut que toutes les familles se réunissent afin de faire physiquement le pas vers l’année qui arrive et laisser derrière eux tout ce qui a été négatif. Ils passeront au-dessus d’une corde faite de feuillage où un poulet est attaché au bout de celle-ci.
Je fais une remarque sur les sacrifices animaliers pour que vous compreniez. Dans ces moments bien précis, ils sont faits dans le but de faire des offrandes. Ces animaux (poulets, bœufs, cochons) représentent surtout le lien qui doit se tisser entre le monde réel et le monde des morts sans quoi le mal et la souffrance que les hommes veulent anéantir ne peuvent quitter la Terre et disparaître dans les fins fonds des « ténèbres ». Au-delà de toutes ces explications irrationnelles, ces bêtes deviennent principalement une source de nourriture qu’ils se partagent tous en part égale. Et cela devient un grand moment de festin entre petits et grands. J’ai assisté à ces processions très solennelles et en voici quelques images.
Cérémonie du nouvel an
Troisième et dernière partie de mon récit la semaine prochaine.
May Yeng
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Curieuse et râleuse, elle a toujours un truc à dire. Aime le rock (NIИ ♥) et les félins !
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May Yeng Fanny
Reply →Merci beaucoup Petitgris ! Je suis très touchée par ton commentaire et très heureuse que mon histoire puisse te toucher. Merci ma chère Alex ! Je te suis toujours autant reconnaissante pour ce que tu fais pour moi. Merci pour tes mots, ça aussi, ça me va droit au coeur. Merci également aux autres lecteurs qui ont lu et laissé leurs avis. C'est un plaisir partagé ! Amicalement.
Petitgris
Reply →J'ai ressenti des frissons d'émotion à la lecture de ton billet ! J'attends la suite avec impatience ! Passe une très belle fin d'année Bises
Alexandra
Reply →Je ne sais pas si Yeng a lu ton commentaire mais pour la connaître je suis de ton avis : un très beau voyage intérieur qui enrichit le coeur d'une personne déjà très douce et généreuse.