Pourquoi l’histoire d’amour de « 50 nuances de Grey » m’a pétrifiée d’ennui

Pourquoi l’histoire d’amour de « 50 nuances de Grey » m’a pétrifiée d’ennui

50 nuances de Grey

Cela fait des mois, des années, des siècles que l’on nous rebat les oreilles avec « 50 nuances de Grey » Le roman le plus lu au monde parait-il…
A l’occasion de la sortie du film, une copine du bureau m’a demandé innocemment si je l’avais lu, devant mon hochement négatif elle s’est écriée, reprise en choeur par une autre copine : « tu n’as pas lu 50 nuances de Grey !?!? » WTF ! Estomaquées les filles. La honte. Le déshonneur. Il m’a semblé voir de la pitié dans leurs yeux… Même si je remporte toujours les camemberts marron et rose (littérature/ciné) au Trivial Pursuit (mais seulement ceux-là, sic), c’est la loose. Mes copines ne m’ont pas dit ça méchamment, elles sont adorables, mais elles étaient sidérées.
Etrangement j’étais surprise de leur surprise. Alors j’ai posé mon 9ème tome de Game of Thrones et me suis interrogée : c’est vrai ça, pourquoi n’ai-je pas lu ce livre cul-te (ok facile je sors).

Les histoires d’amour en livre m’intéressent très moyennement pour ne pas dire pas du tout. Hormis les classiques peut-être du type « Les liaisons dangereuses », « Le rouge et le noir »… (ouais je sais torride la nana…) payer, passer du temps à lire un livre basé uniquement sur une histoire d’amour ne me traverse même pas l’esprit. Je n’y trouve pas d’intérêt.

Au cinéma, même si j’adore les films tels que Autant en emporte le vent, Sailor et Lula, La route de Madison, Moulin Rouge… ce n’est vraiment pas mon genre préféré.
Attention l’aveu qui va suivre va me couper d’une partie de mes amies, mais, en tant que cinéphile honnête, il faut que je fasse mon coming-out.
Eté 1998, Fête du cinéma,
je sors d’une salle hystérique d’enthousiasme après avoir vu « L’Associé du diable » et j’enchaine, direct, dans une autre salle pour voir « Titanic » qui est sorti depuis des mois… Terrible… Le film est très réussi, incontestablement mais alors l’histoire d’amour… pas possible… je peux pas… J’ai trouvé ça… niais ! Faudrait peut-être que je le revoie, sans Pacino en préalable, avec le recul, avec l’âge, peut-être que je heurterai enfin l’iceberg d’émotion qui a secoué une partie de la planète ? (ok je sors bis)

Mais pourquoi est-on touchée ou non par des histoires d’amour, et même une histoire tout court en livre, au cinéma ? Selon moi c’est, souvent, une histoire d’identification avec les personnages principaux. Consciemment ou inconsciemment, de près ou de loin, on s’identifie à l’héroïne. Enfant, je voulais être « Chevalière » du Zodiaque (y’avait que des chevaliers et pas de chevalière pffff trop nul et Shiryu était vraiment caaaaaaanon !).

Shiryu chevalier du zodiaque
Les histoires de princesses ? Je n’aimais pas trop, elles étaient toujours dans la panade, incapables de s’en sortir sans un homme et leur seul but dans la vie était d’attendre le prince charmant en s’habillant en rose bonbon. Pouaaaah !
Ah si ! Si j’étais une princesse je serais… Fiona ! Et je giflerais Blanche-neige en la traitant de gourdasse soumise. Heureusement les temps changent et les modèles féminins que l’on offre aux petites filles d’aujourd’hui ont quelque peu évolué.

Je ne crois pas que l’âge n’entre pas en ligne de compte dans cette non-identification, en effet la quadra que je suis peux très bien regarder Divergente ou Hunger games (films pour jeunes adultes) et apprécier les personnages volontaires de Tris ou Katniss, car l’adolescente que j’étais aurait aimé ces personnage de filles intelligentes, courageuses, fortes, indépendantes. On s’identifie à ce qui nous ressemble de près ou de loin, ou du moins à ce à quoi on aspire. Notre moi idéal. Notre personnalité idéalisée. Très idéalisée même mais quitte à rêver, rêvons grand !

Par pure curiosité ethnologique, pour ne pas m’empêtrer dans de vilains préjugés sans savoir de quoi je parle, j’ai donc perdu 2h de ma vie vu « 50 nuances de Grey ».
Et alors ? Tout ça pour ça ???? A côté « 9 semaines et demi » (1986) fait presque figure de porno

Impossible de m’identifier à cette petite chose fragile, godiche, nunuche qui découvre la vie dans les mains expertes d’un pervers narcissique. Mon tonnelet de Saint-Bernard, teinté d’égo, qui m’aurait fait dire au siècle dernier (quand j’avais 20 ans) : « ouiiiiii mais par amour pour moi il va changer, parce que moaaaa je suis différente des autres filles (sous-entendu je suis beaucoup mieux) », il y a bien longtemps que je l’ai remplacé par un collier Agatha, beaucoup plus seyant/gratifiant pour mon ego.

Après avoir vu le film, je suis allée discuter avec ma chère Minette, mon icône mode du bureau, it-girl, 29 ans, belle, intelligente qui m’explique que le film est beaucoup plus soft que le livre et de me raconter certains passages que, je juge, à la limite de la maltraitance psychologique, du sadisme. Et là, ma petite idole m’a sidérée, devant mes arguments outrés, elle s’est mise à bêler (si si Minette tu as bêlé !) :
– ouiiiiiiii d’accord mais il l’aiiiiiiiiiiiiime !
(silence consterné puis explosion de rires)
– ah ben s’il l’aime alors, tout est permis !

Traitez moi de « vieille » conne, mais je suis quand même chagrinée de voir toutes ces jeunes (et beaucoup moins jeunes) qui fantasment, si si, fantasment, sur un modèle d’homme qui maltraite les femmes. Tout ça parce qu’il l’aiiiiiiiiiiiime. Je pensais que l’amour devait être épanouissant pour les deux personnes, dans l’échange et l’équilibre. Sous couvert de jeux sexuels affriolants car « hors-norme » (et encore), c’est le rapport homme-femme qui est redéfini dans 50 nuances de Grey et ça me dérange.
D’accord, je n’irai pas brûler mon soutif Aubade sur les barricades, mais quand même, les femmes se sont battues pour être respectées, considérées, avoir une sexualité libre, être souveraine de leur corps, tout ça pour ça ?

Je suis sûre que Jack n’aurait jamais fait ça à Rose… Finalement je vais revoir Titanic ^^

P.S :
Avant de filer réserver ma place à la maison de retraite pour vieille dégénérée qui ne comprend rien à l’amour, je voudrais vous présenter une vidéo hilarante d’une chronique ciné vidéo, débusquée par Caroline de ParisianShoegals. Si le début est humoristique, attention, écoutez et regardez il y a de petites et rapides incrustations d’images très intéressantes et la suite de la vidéo présente une analyse du film pour le moins pertinente.
La vidéo dure 22 minutes mais ce sont 22 minutes de drôlerie et d’intelligence pures et ce n’est pas si courant.

Grâce à elle, l'industrie du cinéma ne connait pas la crise !

7 COMMENTAIRES

  1. A l’époque j’avais détesté Breaking the waves pour la même raison. Sous prétexte qu’il l’aiiiiiiiime elle doit lui être soumise ? Incompréhension dans mon entourage, 100% des gens m’ont dit que je n’avais pas compris la puissance du film, blablabla.
    Au moins Scarlett O’hara est une femme forte. Certes elle est malheureuse à la fin, sa vie n’est qu’une succession de drames (pardon pour le spoiler ^^) mais c’est vachement plus intéressant à regarder.

  2. Je n’ai pas encore vu le film (il m’attends depuis des semaines sur mon disque dur >_>) mais de ce que j’ai pu lire des avais sur le net, il ne représente pas vraiment l’ambiance et la « complexité » du personnage.
    Par contre j’ai lu les livre, alors oui tout est assez cliché et ce qui est dommage c’est que l’histoire aurait pu être sympa si l’auteure s’était plus attardé sur la personnalité profonde du Grey et n’avait pas pris une gourdasse (oui parce que même si elle y connaît rien des fois, c’est une question de bon sens qu’elle n’a pas!)
    Après c’est sûr on ne lit pas ce livre comme ci s’était un prix Goncourt, mais ça se laisse lire (du moins le 1er!). Et le truc c’est qu’il faut aussi ne pas le prendre au premier degrés, enfin pour ma part c’est ce que j’ai fait! Certaines scènes émoustillent parce que ça reste du « fantasme » sur des choses que les femmes ne font pas forcément souvent avec leur partenaire, genre plus un jeu de rôle …
    Enfin c’est comme ça que je l’ai pris et de l’avis d’amies qui l’ont lu s’était plus ça, que le côté histoire d’amour >_>

  3. J’ai lu les romans (oui j’avoue) et j’ai même commencé le tome 4 … que j’arrive pas à finir. La trilogie était déjà une grosse déception mais là … Christian qui avait un minimum de « mystère » et bien perd toute crédibilité et devient pour moi un prédateur sexuel doublé d’un pervers. De plus, comme si la déesse intérieure d’Ana était pas déjà stupide, voilà que le phallus de Christian prend la relève et devient un personnage à part entière. Non … c’est une catastrophe ! Et le film ne reflète presque rien du roman en plus. Donc je suis de ton avis, c’est nul.

  4. Devant les multiples réactions suscitées par la sortie du livre j’avais fini par le lire…enfin le survoler car l’écriture répétitive est lassante ! J’avais été outrée que l’on y associe torture et masochisme à l’amour! Je ne verrai jamais le film même s’il est plus soft ! Merci pour ce billet Bises