Le ravissement des innocents – Taiye Selasi
Dans ce roman Taiye Selasi nous raconte l’histoire d’une famille africaine déracinée, prête à tous les sacrifices pour s’intégrer et réussir dans le pays d’exil, les Etats-Unis.
C’est en Pennsylvanie que Kweku, jeune interne prometteur rencontre et épouse Folà une magnifique étudiante en droit qui par amour sacrifie ses études. Il est ghanéen, elle est nigérienne mais d’un commun accord ni l’un ni l’autre ne parle de son passé source de souffrances, désormais seul l’avenir compte et l’avenir c’est ici en Amérique.
De leur union naîtront quatre enfants : Olu l’ainé, les jumeaux Kehinde et Taiwo et enfin Sadé la petite dernière née onze ans après. Jusqu’ici rien d’exceptionnel ; une histoire comme tant d’autres, banale, sauf que contre toute attente, alors que tout semble leur réussir (Kweku devenu grand chirurgien reconnu et respecté par ses pairs, les enfants promis à un brillant avenir), l’impensable arrive. Kweku, victime d’une injustice raciale et professionnelle, abandonne lâchement sa famille, incapable d’assumer cette humiliation. Ce départ provoque une onde de choc, tout ce qui a été bâti va se déliter, chacun essaiera de survivre à sa manière mais les fêlures sont profondes et les dommages collatéraux irréversibles.
Quelques années plus tard, Olu devenu médecin est obsédé par la ‘’faute’’ du père. Kehinde et Taiwo, porteurs d’un lourd secret, coupent toutes attaches familiales quant à Sadé, n’ayant que peu connu son père, partage avec sa mère un amour dévorant.
Son père était parti depuis si longtemps que son absence avait remplacé son existence
Le roman commence par la mort de Kweku, ce père presque oublié qui leur revient, mais trop tard. Telle une dernière volonté sa mort va permettre à la famille de se réunir sur la terre ancestrale. Folà, heureuse de revoir ses enfants, se sent pourtant impuissante face à ces adultes blessés ; elle espère beaucoup de ce voyage qui sera peut-être l’occasion d’expulser tout ce magma de souffrances retenu depuis si longtemps.
J’ai beaucoup aimé ces aller retour Afrique/USA où passé et présent se cognent. Pour donner vie et mouvement à son histoire, Taiye Selasi, telle une cinéaste, use de panoramiques, de travellings ; sa caméra virtuelle traque et révèle les failles de chaque personnage. A diverses reprises elle met Kweku et Olu en situation d’acteurs filmés par une caméra imaginaire.
Le ravissement des innocents est un roman troublant, on y découvre une Afrique rude mais attachante. Même si le sujet est universel, Taiye Selasi s’emploie à ce que cette famille nous touche, et c’est le cas : cette famille m’a touchée.
pour connaître un peu l’Afrique ce livre qui doit amené du trouble me tente beaucoup.
J’ai partagé cette chronique sur mon groupe Fb Livres Ô Blog
Merci Bernie tu me fais beaucoup d’honneur 😉 j’adore ton blog !!
Merci d’avoir donné ton avis sur ce livre. Une intégration réussie qui vole en éclat…si c’est bien raconté, ce doit être très intéressant à lire . Bon dimanche Bises
Merci Paulette, je suis désolée de répondre si tard mais une vilaine grippe m’a coincée au lit ! Contrairement à toi je suis une voyageuse virtuelle et les livres sont pour moi un moyen de voyager et de rêver. bises
En lisant ton billet je me suis posée plein de questions et m’imaginais déjà plein de choses. Hop, dans la liste ! 😀
Super, c’est une sorte de bande annonce alors ! objectif atteint !!! 😉