Ne le secouez pas il est plein de larmes – La gaieté de Justine Levy

Comme son titre ne l’indique pas, il s’agit là d’une histoire triste, très triste, alors si en cette période estivale un trop plein de bonheur, de joie de vivre, de dynamisme vous sature, ce roman est fait pour vous, un petit nuage au dessus de vos têtes qui déversera une pluie de tristesse sur votre bonne humeur, rien de tel pour calmer l’euphorie. Au risque de paraitre caustique je dirais même que la tristesse d’autrui est quelquefois bénéfique pour apprécier sa vie que l’on juge souvent sévèrement, car insatisfaits nous le sommes tous plus ou moins, alors quand l’herbe du voisin est moins verte que la nôtre ça rassure …

A propos du roman j’ai retenu une phrase qui résume à elle seule tout le livre.

 ‘’ Ne le secouez pas il est plein de larmes ‘’

Des larmes retenues depuis si longtemps, des larmes qui voudraient sortir mais craignent la crue destructrice, celle qui emporte tout sur son passage, qui démolit les digues minutieusement érigées au fil des ans.

Louise ne croit pas au bonheur, n’a aucune envie et n’espère rien d’autre qu’une vie anesthésiée par toutes sortes de molécules opiacées. Fortement marquée par la personnalité autodestructrice de sa mère, son enfance sera tout sauf une enfance et pour rester debout son instinct la poussera  à choisir l’oubli  de faits traumatisants.

Prozac , Effexor, Haschich, Xanax, Nicorettes sont les meilleurs amis de Louise, des amis de très longue date qu’elle décide pourtant d’abandonner pour Pablo et leur bébé, pour un avenir tourné vers la gaité. Le chemin sera laborieux mais Louise s’est fixé pour but d’arrêter cette transmission de névroses, elle sera une bonne maman, une très bonne maman.

‘’C’est quand je suis tombée enceinte que j’ai décidé d’arrêter d’être triste’’

La gaieté, se laisse lire sans difficulté, l’écriture de Justine Lévy est sobre, juste, souvent poignante mais jamais plaintive.