Du fanatisme à la barbarie il n’y a qu’un pas (Diderot)

Le moment est peut-être mal venu pour rédiger un billet d’humeur et en même temps tellement de choses nous passent par le coeur et par l’esprit. Deux nuits à ne pas dormir ou presque, à guetter les infos, à scruter la liste des victimes recensées dans l’espoir de ne pas y trouver un membre de sa famille ou de ses amis, tout en versant des larmes de compassion pour les autres…

Je suis un Bisounours, une incorrigible utopiste, depuis toujours terriblement éprise de Liberté. Même dans les moments les plus graves je ne peux m’empêcher de penser que tout finira par s’arranger. J’aime l’Amour, j’aime la Paix mais plus encore l’Indépendance.

Malgré cela c’est une colère profonde qui m’envahit aujourd’hui. J’ignore si Daesh, Al Qaida avant eux et même le GIA dans les années ’90 existent réellement ou s’ils ne sont qu’une invention des gouvernements pour nous manipuler et nous soumettre. J’ignore également ce qui pousse un homme au fanatisme et à la radicalisation, si c’est une profonde conviction religieuse ou pour l’aventure ?

Ce que je sais c’est que les autorités savaient. Elles savaient depuis la mi août que des terroristes comptaient canarder un concert de rock, elles savaient parfaitement avec qui elles concluaient des affaires (vente d’armes, achat de pétrole, etc), et tant d’autres choses encore qu’on ignore. Elles étaient tellement dans le déni qu’elles ont laissé grossir l’ennemi, devenu plus puissant et plus nombreux que nous. Elles mettent des moyens mais pas au bon endroit, comme les renseignements alors que c’est le passage au judiciaire qui pose problème. Je ne fais que relater ce qui est dit dans l’interview de Marc Trévidic, ancien juge d’instruction au pôle antiterrorisme du TGI de Paris et interrogé lors du JT de France 2 ce week-end (voir vidéo ci-dessous).

Sachant tout cela je ne peux que vomir les propos de monsieur Manuel Valls quand il demande aux français de s’habituer au terrorisme, de vivre avec la peur que ça pète à n’importe quel moment dans leur supermarché, dans leur école ou sur leur lieu de baignade ; qui peut se résigner de la sorte ? Nous avons cette chance d’être un pays avec une Histoire riche, n’a-t-on rien retenu de nos erreurs passées ?

On regarde nos enfants et on se demande pourquoi la société est comme elle est. On pleure des gens que l’on ne connait pas. Des français mais aussi des kenyans, des tunisiens, des turcs, et des je ne sais même plus quoi tellement il y a de victimes du terrorisme, chaque jour, dans le monde.

Courrier International nous explique que pour les américains c’est la jeunesse parisienne et progressiste qui était visée : « Aucun pays n’a de meilleure définition de la vie que les français. » (commentaire d’un lecteur du New-York Times). Le journal tunisien Leaders ajoute ceci : « Paris, c’est la quintessence de la civilisation universelle. C’est à ce symbole que ces ennemis du genre humain s’en sont pris. »

Du fanatisme à la barbarie il n’y a qu’un pas. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Diderot. Cette phrase est à prendre dans les deux sens. On a le droit d’avoir peur. Comme disait Yann Moix c’est même nécessaire en de telles circonstances, mais cette peur doit être constructive, elle ne doit pas pousser au n’importe quoi.

Je conclurai avec cette déclaration du journaliste Hervé Gattegno, interviewé sur RMC : « Face au terrorisme, la résistance est plus efficace que la vengeance. Et la priorité n’est jamais de faire la guerre, c’est toujours de rétablir la paix. »

♥