Le jour où j’ai voulu devenir assistante vétérinaire…

Le jour où j’ai voulu devenir assistante vétérinaire…

A 25 ans j’ai compris que la sociologie ne me donnerait pas de boulot, donc j’ai décidé de me réorienter. C’est tout naturellement que moi, l’amie des bêtes autoproclamée, je me suis dirigée vers la profession d’assistante vétérinaire. Si je me voyais déjà en haut de l’affiche sauvant les grands félins d’Afrique, la réalité fut différente.

Amie des bêtes - Arwen et Manee chats
J’ai l’air plutôt confortable !

Par chance, j’ai immédiatement trouvé un cabinet acceptant de m’engager en contrat pro malgré mon âge « avancé. » Comme en général les choses ne sont jamais simples, ça laissait présager un avenir plus sombre ! Bon évidemment j’exagère un peu. La clinique dans laquelle j’ai officié était ouverte du lundi au dimanche et manquait clairement de personnel. Difficile de nettoyer les cages au fond d’une salle et d’accueillir les clients (parce que ce sont clairement des clients) à l’entrée opposée en même temps. Malheureusement, je n’avais pas le pouvoir de téléportation.

J’ai très vite déchanté. En fait outre les 11h de boulot quotidiennes avec seulement 30 petites minutes de pause, ce qui m’a le plus perturbé est le manque de considération. Un jour, alors que j’aidais ma tutrice à faire l’écho d’une chienne, je me suis laissée aller à lui poser quelques questions sur son métier. « Mon métier c’est d’ausculter cet animal, le votre c’est de le tenir » m’a-t-elle répondu sèchement. Ok, j’ai compris l’idée. On va pas rigoler tous les jours ici. Une autre fois, pendant que mon seau d’eau se remplissait, j’ai osé regarder un peu par la fenêtre. Le chef véto débarque et me dit : « ça va, tranquille ? Pas trop fatiguée ? » Telle Princesse Sarah quand elle est devenue femme de ménage, j’ai baissé les yeux et marmonné un simple : « pardon monsieur. » Mais au fait, pardon de quoi ? Je n’avais pas signé pour être esclave !

Princesse Sarah triste - Escalce ménage

Bon avant que vous me traitiez de « petite nature », vous devez savoir que pendant mes études j’ai bossé avec des personnes accidentées, donc sans prétention, l’effort au travail je connais.
D’habitude si enjouée, en à peine 1 mois j’étais au bord de la dépression, à pleurer tous les matins par peur d’aller travailler. J’avais démissionné de mon ancien job pour ça, et m’étais planté. Quand on démissionne, on a 0€ d’indemnité chômage pendant 6 mois. Comment faire ?

Dans le milieu hospitalier, il n’y a pas toujours que des super médecins qui soignent des patients au bord de l’agonie. Parfois (souvent ?), on doit faire face à la mort. Chez les véto c’est pareil. Je me souviens d’une journée où il y a eu 3 décès. Le premier était « naturel », le chat raide mort dans sa cage en ouvrant la clinique le matin. Les deux autres ont été des euthanasies. Comme j’étais la nouvelle, il fallait m’endurcir et j’ai donc assisté à la mise à mort d’une petite chienne et d’un jeune chat.

La chienne appartenait à un chasseur, c’était un petit épagneul d’environ 6 mois. Le matin son maître l’avait emmené à la chasse, où elle a été percutée par la voiture d’un ami. Paralysée, il a préféré abrégé ses souffrances. Le chat en revanche aurait pu être sauvé, mais sa propriétaire n’en avait pas les moyens. Ni une ni deux, le petit félin fut piqué. A chaque fois je pleurais comme si c’était mon animal qu’on tuait. Une fois « partis », les animaux sont mis dans des sachets plastiques, déposés dans un congélateur en attendant que l’entreprise d’incinération ne viennent les chercher. Tout ceci est payant d’ailleurs.

Plus tard, j’ai contacté la SPA afin de savoir si on n’aurait pas pu faire quelque chose pour sauver le chat. Ils m’ont répondu une chose que tous les vétérinaires sont censés savoir : en cas de difficultés financières, ils appellent les refuges qui trouvent toujours une solution. D’ailleurs ils étaient tellement en colère qu’ils ont essayé de me soutirer le nom de la clinique. Ce qui est sûr, c’est que cela m’a conforté dans mon idée de partir. Malgré le risque, j’ai tout plaqué. Impossible de s’épanouir ainsi.

Par chance encore, et c’est là qu’il est important de ne pas être une personne à embrouilles, j’ai pu reprendre mon ancienne place. C’était pas la panacée, mais au moins ça réglait les factures, et je pouvais travailler dans la bonne humeur.

Bilan :

  • ne pas démissionner
  • toujours bien mûrir son projet
  • ne pas idéaliser les métiers
  • l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs

Cette mauvaise expérience n’est que la mienne, d’autres s’éclatent à exercer ce métier. Avez-vous déjà tenté des expériences similaires ? Comment ça s’est passé ? Je suis très curieuse d’avoir votre retour !

3 COMMENTAIRES

  1. Comme dans tous corps de métier, il est parfois difficile de tomber au bon endroit. J’ai la chance d’emmener mon petit loulou dans une clinique bien loin du portrait que tu en dresses, je n’y retournerai pas si c’était le cas. Dommage que cette expérience ne fut pas plus heureuse pour toi, merci de ce petit témoignage qui me fait encore plus apprécier les supers vétérinaires que je rencontre.