Marche républicaine : mais au fait, c’est qui Charlie ?

N’en déplaise à Michel Onfray, François Hollande aura réussi au moins une chose durant son quinquennat : la marche républicaine du 11 janvier 2015. Plus de 3,7 millions de citoyens dans la rue, une cinquantaine de dirigeants internationaux, la police applaudie et aucun incident majeur à déplorer. Cela aurait pu très mal se passer mais ce fut un très beau rassemblement. Dans le cortège ou non, les français étaient tous Charlie. Mais au fait, c’est qui Charlie ?

Je suis juif, je suis musulman, je suis catholique, je suis athée, je suis Charlie. 

Charlie c’est cette femme qui défend le droit au culte, cet homme qui veut crier qu’il n’a pas peur, ces ados qui militent pour la liberté d’expression ou encore ces familles et amis qui sont en deuil. Charlie est devenu un symbole, un comble pour un journal que beaucoup décriaient régulièrement. Un journal au bord du gouffre financier. Un journal qui a toujours travaillé contre cette idée de symbole.

C’est formidable que les gens nous soutiennent mais on est dans un contre-sens de ce que sont les dessins de Charlie. Aujourd’hui, on a l’impression que Charlie est tombé pour la liberté d’expression. Nos copains sont juste morts. (Luz)

Luz a finalement participé à la marche républicaine, aux côtés des autres journalistes de Charlie Hebdo. Cette union et cette diversité sont aussi tristes que réconfortantes. Certains ont tweeté des selfies, peut-être se sont-ils crus à la fête au village ? D’autres n’étaient pas d’accord avec la ligne éditoriale des caricaturistes mais revendiquent fièrement l’idée de vivre dans un pays libre.

Si on n’est pas d’accord avec Charlie Hebdo, on répond au dessin par le dessin, à l’art par l’art, à l’écrit par l’écrit, et pas par la haine et le sang. (Imam de Drancy)

La mobilisation de dimanche était exceptionnelle, les français sont sortis de leur mutisme et ont scandé leur envie de conserver cette liberté. Des gens sont malheureusement massacrés chaque jour dans le monde, mais hier, à Paris et en province, la France s’est souvenue qu’elle était le pays de la Révolution, le pays des Lumières. Elle a dit « non » ; « non vous ne nous aurez pas. » C’est juste dommage qu’il ait fallu un attentat pour arriver à une telle communion.

Dans un an, que restera-t-il de ce grand élan plutôt progressiste sur la liberté d’expression ?

Telle est l’interrogation de Luz. Difficile de répondre. Une prise de conscience, il faut l’espérer. La marche républicaine a été un grand succès ; maintenant il faut mettre en pratique ces valeurs dans notre quotidien.

Reste le fond du problème : quelles décisions ont causé la perte de tous ces civils innocents ? Quels gouvernements soutiennent financièrement le terrorisme ? Quels dirigeants laissent faire officieusement ?