Fermeture de Sephora : de quoi se mêle l’intersyndicale ?
Le billet d’humeur d’aujourd’hui est clairement orienté mais qu’importe, j’assume. Vous avez certainement entendu parler de cette histoire, l’intersyndicale des commerçants de Paris a attaqué le magasin Sephora des Champs Elysées en justice, et a obtenu gain de cause. Conséquences : l’enseigne condamnée à fermer plus tôt, une cinquantaine d’emplois menacés. Dans la mesure où aucun salarié n’est allé se plaindre ma question est simple : mais de quoi se mêlent-ils ?
Des syndicats j’ai une très mauvaise image, même si j’ai conscience qu’il est important d’en avoir. En fait, cette aversion remonte à mes années étudiantes, où pour payer mon loyer je travaillais le dimanche.
Dans les magasins, on est généralement payé au SMIC, aussi dès qu’il est possible de grappiller des sous en bossant le week-end ou les jours fériés, beaucoup se portent volontaires. Là où je bossais à l’époque, cela se faisait sur la base du volontariat. Alors bien sûr, si vous refusiez le travail du dimanche lors de l’entretien d’embauche, vous aviez des chances de ne pas être pris. En même temps il ne faut pas être hypocrites, on sait où on postule : a-t-on déjà vu un coiffeur fermer le samedi ? Un cinéma éteindre les lumières à 19 h ?
Bref, je disais donc que chez nous, c’était un choix.
Pourtant les syndicats s’étaient mis en tête de nous faire baisser le rideau le dimanche. Parce que le dimanche se passe en famille, disaient-ils. Parce que c’est à eux de nous dicter nos choix de vie, ai-je envie de répondre ? Cette fermeture aurait été désastreuse, car le dimanche était notre meilleur jour en terme de chiffre d’affaire. Nous étions payés double, et à la fin du mois cela représentait un bon 30% de notre salaire. Pas négligeable… Pire, pour les étudiants dont j’étais, fermer le dimanche aurait, à terme, conduit à supprimer nos postes puisque nous n’étions pas disponibles la semaine, université oblige.
Pour manifester, les syndicats avaient installé une caravane sur le parking de la zone et buvaient l’apéro. Véridique, un vrai cliché du travailleur fainéant. Encore aujourd’hui j’ai quelques reproches à leur faire.
Je ne me considère pas particulièrement capitaliste, mais lorsque j’entends que des syndicats ne représentant même pas les salariés attaquent une enseigne en justice pour un fait qui ne les regarde pas, et mettent en péril l’emploi et le salaire des gens, je dis m*rde. De quoi se mêlent-ils ?
Oui Sephora fait des bénéfices en restant ouvert tard le soir sur les Champs Elysées. Entre nous, ce n’est pas la seule enseigne à la jouer nocturne. Seulement cela génère aussi du travail, des emplois. Il y a une économie autour de cette amplitude horaire. Je ne dis pas que c’est un plaisir pour ces salariés de bosser en décalé, mais c’est leur choix, pour des raisons qui ne regardent qu’eux.
D’ailleurs 101 employés du Sephora des Champs contre-attaquent en assignant les syndicats en référé. LCI nous explique qu’ils « demandent au tribunal condamnation des organisations syndicales à 100.000 euros d’astreinte par jour et par organisation pour tout acte direct et indirect susceptible d’entraîner la modification de leur contrat de travail (…) On ne comprend pas la décision de la cour d’appel, nous demandons juste de pouvoir continuer à travailler, a affirmé lors de l’audience Olivier Martin, porte-parole de la CFTC, premier syndicat chez Sephora. »
Pour l’intersyndicale, Sephora n’est qu’un maillon de la chaîne, un exemple à généraliser sur toute l’avenue. « C’est l’ensemble des salariés du commerce qui est concerné par cette décision. Il s’agit bien de l’intérêt collectif des salariés et pas de la somme d’intérêts particuliers. » L’économie française se porte-t-elle si bien que l’on se permette de supprimer des heures de travail aux gens ? Qu’en est-il de la médecine, de l’hôtellerie, de la restauration ?
Pour Jean-Noël Reinhardt, ancien PDG de Virgin et président du comité des Champs Elysées, la fermeture nocturne de Sephora est une faute : « Les commerces des Champs-Elysées réalisant en moyenne 20 % de leur chiffre d’affaires le soir, on parle donc d’une perte prévisionnelle de plusieurs centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires sur une activité totale d’environ 1,5 milliard d’euros. Ceci se traduira par la destruction de quelques centaines d’emplois, probablement entre 300 et 500. » L’article complet ici.
Si vous ne l’avez pas vu, je vous propose de regarder la chronique de Nicolas Doze pour BFM. Court, mais efficace !
Alors la fermeture de Sephora le soir, vous êtes plutôt pour ou plutôt contre ? A vos avis !
Je suis tout à fait d’accord avec toi. Dans la mesure où les gens étaient vraiment volontaires pour bosser le dimanche … de quoi se mêlent-ils ?
A l’heure où le chômage touche de plus en plus de gens, cela me scandalise !
hello
ayant aussi bossé le dimanche pendant mes études, n’étant pas non plus contre un peu de « beurre dans les épinards » à la fin du mois … et en supposant que les employés du Sephora avaient aussi le choix de finir plus tard, je ne vois vraiment pas où était le problème… si ce n’est évidemment pour les autres commerçants qui se sentent moins compétitifs… bises
Cette histoire est ridicule, j’espère qu’on va laisser les gens travailler !