Quand la maternité reprend le dessus
Si j’ai décidé de me lancer en freelance c’est avant tout parce que j’en avais marre des horaires incompatibles avec une maternité épanouie. En lisant la presse ou en discutant avec des amies je me suis rendue compte que je n’étais pas la seule. Bien au contraire, ça semble être une véritable tendance !
Femme des années ’80…
Comme de très nombreuses femmes de sa génération, maman travaillait beaucoup et elle adorait ça. Ce fut le célèbre phénomène working mum. Heureusement pour nous, et pour sa santé mentale avec deux enfants, elle avait malgré tout des horaires de bureau. Cela a facilité l’organisation de la vie à la maison mais je ne vous cache pas qu’à 3 ans je faisais déjà mon lit (maman je t’aime ! 😀 ). Il faut dire qu’on ne connaissait pas le surgelé chez nous, on a toujours mangé de bons petits plats.
Quand je travaillais dans le commerce je n’avais pas d’enfant, cependant je me suis toujours demandée comment s’organisaient les copines sachant qu’on avait :
- un emploi du temps différent chaque semaine
- aucun jour de repos fixe
- une amplitude horaire entre 8h et 21h, hors temps passé dans les transports
- une ouverture 7 jours sur 7
Forcément, quand Mininous est né, il devint évident que je ne voulais plus de ça.
Exit les working mums…
AuFéminin a fait un billet sur le sujet. Il semble que de plus en plus de femmes interrompent leur carrière pour pouponner. Selon le New York Times : « les femmes de la génération Y seraient plus enclines à interrompre leur vie professionnelle pour leur famille » (au passage je suis désolée de vous dire que vous avez commis une erreur, on estime la Génération Y entre les années ’80 et 2000).
En effet, alors que nos mères ont majoritairement privilégié leur carrière, il semble que nous nous soucions plus de trouver un équilibre entre vie professionnelle et familiale. Je ne sais pas vous, mais je me reconnais à 2000% dans ce schéma. D’ailleurs en discutant avec des amies je me suis rendue compte qu’elles aussi avaient envie de profiter de leur foyer, sans pour autant arrêter tout activité. Il n’y a qu’à voir le nombre de femmes qui optent pour le congé parental malgré la perte vertigineuse de salaire, congé qui bien souvent mène à une réorientation professionnelle.
… bienvenue aux Mampreneurs
En réalité la working mum n’a pas disparu, elle a juste organisé sa vie différemment. Le phénomène Mampreneurs en est la preuve. Tout droit venu des Etats-Unis, ce réseau de mères de famille chef d’entreprise met une grosse claque à un cliché, celui de la maman débordée obligée de faire un choix. Récemment j’ai été très choquée de la réaction d’un homme quand je lui ai demandé de reporter un rendez-vous par rapport à mon fils. Il n’a rien dit mais a eu un regard… troublant. Aurais-je été plus crédible en prétextant un rendez-vous chez le dentiste ? A ses yeux peut-être.
Il y a quelques mois les journaliste de Sept à Huit dressaient le portrait de deux jeunes femmes qui avaient décidé de lancer une activité freelance pour mieux organiser leurs journées, et ainsi passer plus de temps avec leurs enfants. Lors des réunions Mampreneurs, il paraît que certaines viennent avec leur gosse et la bonne nouvelle c’est que ça ne choque personne. L’enfant est un cadeau, pas un problème.
L’idée qu’on est parfois plus efficace en 2h chez soi qu’en une journée au boulot n’est pas nouvelle. Je n’ai pas trouvé de chiffres plus récents mais en 2011 32% des finlandais et 28% des américains officiaient à distance (télétravail). Est-ce la solution à tous nos tracas, peut-être pas ; cependant c’est vraiment génial d’avoir le choix.
Reste qu’il faut vraiment avoir un coin à soi pour travailler en paix !
Réelle tendance ou résignation ?
N’en déplaise aux féministes, les femmes feraient ce choix par envie. Un retour aux valeurs essentielles ? Sûrement. Cependant on peut tout de même se demander si cette envie est réelle ou profondément liée à leur condition de mère, une mère qui en 2015 encore s’occupe majoritairement des tâches domestiques, tout en travaillant, et pour un salaire inférieur à celui de son compagnon.
Une femme sur deux aurait renoncé à une promotion afin de préserver sa famille. Pour Cécile, une institutrice de 36 ans interviewée dans Psychologies magazine : « Ralentir me semble être une nécessité… Et c’est important de ne pas imposer des rythmes infernaux aux petits. J’en ai vu des enfants de 3 ans arriver très tôt le matin et partir tard le soir dans le froid ! Cela me tient à coeur de pouvoir offrir la tranquillité au mien. »
Tous les parents ne peuvent pas sortir du boulot à 15h30 pour être devant l’école à 16h, les grands-parents ne sont pas toujours dispo (parfois ils ont plusieurs petits-enfants dans des villes différentes et doivent donc faire des choix) et la nounou reste une alternative souvent coûteuse pour le budget de la famille. Maman a eu la chance d’avoir un patron compréhensif qui acceptait qu’elle m’emmène au bureau. J’étais fascinée par le Telex et quand j’en avais marre je descendais jouer avec les libellules près du ruisseau (sous l’oeil bienveillant de maman qui me guettait par la fenêtre évidemment). Evidemment tous les boss ne sont pas aussi cool, et les garderies d’entreprise sont encore trop rares.
La solution viendrait sûrement d’une plus grande implication des papas dans le partage des tâches domestiques, et d’ailleurs ils le font ! Il est maintenant ancré dans les mentalités qu’un enfant se conçoit à deux et 13% des interrogés déclarent être prêt à prendre un congé parental à la place de leur compagne. C’est un progrès, mais c’est encore trop peu. L’autre soucis est que les hommes gagnent généralement mieux leur vie (pour X raisons, mais parfois de façon très injuste) et occupent plus de postes à responsabilités, ce qui les contraint à renoncer à leurs enfants…
Le serpent qui se mord la queue en somme. Les enfants sont pourtant une chose merveilleuse, pourquoi nous obliger à les considérer comme un problème ?
J’ai accepté de continuer à travailler après l’arrivée de Junior car j’avais la possibilité de vivre le même rythme que lui, je le sentais dans la classe voisine de la mienne et nous étions dehors en même temps ! Mais je me serais sûrement posé les mêmes questions que toi et les autres mamans modernes si j’avais eu un autre travail ! Les progrès dans ce domaine sont longs à venir ! Bon week end bisous