La conjuration des imbéciles – John Kennedy Toole

Voila un roman très surprenant, j’irai même jusqu’à dire, unique en son genre. La conjuration des imbéciles est la première et dernière œuvre de John Kennedy Toole, écrivain incompris, qui par déception mit fin à ses jours en 1969 à l’âge de trente et un ans.

Après sa mort, madame Toole, persuadée du talent de son fils hantera les maisons d’édition jusqu’à ce que finalement Walker Percy étonné par cette démarche pour le moins inhabituelle, acceptera de lire ledit roman pour enfin le publier. Dès sa publication en 1980, La conjuration des imbéciles, connaitra un immense succès et remportera le prix Pulitzer.

Le titre du livre fait référence à une citation de Jonathan Swift : « Quand un vrai génie apparait en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui » Le ton est donné.

Dans ce roman l’auteur nous raconte en détail le mal-être d’un personnage ubuesque, Ignatius J. Reilly, lequel persuadé d’être doté d’un esprit supérieur est en perpétuelle révolte face à la bêtise humaine environnante. Comme le dit Walker Percy sur sa préface, Ignatius est un Oliver hardy délirant, un Don Quichotte adipeux, un Saint- Thomas d’Aquin pervers.

Ce Tanguy pachydermique vit aux crochets de sa mère car aucun travail n’est digne de son intelligence. L’écriture occupe tout son temps, il passe ses journées à noircir des dizaines de cahiers de réflexions stériles sur la dégénérescence du monde actuel. Madame Reilly, désespérée de voir son fils bardé de diplômes sombrer dans l’oisiveté et la paresse,  le met en demeure de trouver un emploi. A partir de là vont s’enchainer toutes sortes de mésaventures cocasses qu’Ignatius s’efforcera de tirer à son avantage.

L’humour est tour à tour grinçant, guignolesque, totalement déjanté. Ignatius, l’anti héros par excellence est entouré de personnages hauts en couleur, ils sont tous givrés.

Les dialogues sont jubilatoires … du travail d’orfèvre, un vrai régal !!

Ce roman est brillant. Monsieur Toole vous méritez amplement votre Pulitzer posthume.